Il pèse ses mots, réfléchit d’abord, gesticule de manière contrôlée (il aime l’Italie) et pose ses opinions comme le ferait un bon sommelier en servant un vin rouge, avec précision et style.
Raf Cuyvers, 55 ans, ancien cadre de direction de HP Belgique, fondateur de Crossbridge et de myCareerCompanion, directeur général de Copaco, ne s’agite pas sur sa chaise, mais ne reste pas non plus inactif. Il est notamment en train d’écrire un nouveau récit intitulé « The future of work » (L’avenir du travail).
Raf Cuyvers ne l’a pas annoncé en grande pompe, mais depuis le début de l’année 2023, il dirige la succursale belge du distributeur Copaco. Avec quelque 400 employés et un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros au Benelux, Copaco est le numéro 3 du canal, après TD Synnex et Ingram Micro.
Pourquoi a-t-il gardé le silence sur son nouveau départ ? « Je ne voulais pas donner l’impression que j’abandonnais ma propre entreprise, car ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, je me consacre à 80 % à Copaco et à 20 % à myCareerCompanion ». Bien que son rôle de directeur ait été repris par deux femmes, M. Cuyvers ne lâche pas pour autant la barre.
La consolidation est terminée
Copaco compte trois divisions, dont Copaco.com (ordinateurs, imprimantes, stockage…) est la plus importante. Mais c’est Copaco Cloud qui connaît la croissance la plus rapide, surtout aux Pays-Bas. Par ailleurs, la troisième branche, ‘Yours’, est un partenaire très important pour Signpost, par exemple. Elle y détient une part de marché de 35 à 60 % avec Dell. Raf Cuyvers ne croit pas à une consolidation immédiate du secteur : « Cela s’est déjà produit par le passé ». Il prévoit toutefois de nouvelles augmentations de prix au cours des six prochains mois : « Le stockage des produits coûte très cher. Après tout, les frais d’intérêt ont augmenté de façon spectaculaire pour la première fois depuis des années. Les coûts de transport ont augmenté et l’indexation des salaires du personnel fait également grimper les prix. »
L’intelligence artificielle
Raf Cuyvers voit trois grandes tendances et préoccupations pour les 24 prochains mois : Le personnel, la banalisation et un penchant croissant pour les services dématérialisés, le cloud. « Les départs d’employés sont plus nombreux que les arrivées. Le développement commercial est déjà un goulot d’étranglement aujourd’hui, en particulier dans le canal. Et la technologie se généralise. « Les services deviennent de plus en plus importants. Il prévient également qu’il faut absolument inclure l’intelligence artificielle. « L’impact sur les ventes, le marketing et les services transactionnels sera très important. On en est encore aux balbutiements, mais il suffit de penser à ce qui se passe dans les call centers et les chatbots. »
L’afflux n’est pas bon
Chaque année, Raf Cuyvers se rend en Toscane pour participer à l’événement Futuro, organisé par Herman Konings, Tom Palmaerts et Joeri Van den Bergh, qui met en lumière les tendances, la pensée innovante et les modes de vie de la société d’aujourd’hui et de demain. » Cet événement m’inspire énormément. Je le recommande à tout le monde », déclare-t-il. C’est en partie sur cette base qu’il rédige « L’avenir du travail », un ouvrage qui devrait être achevé l’été prochain. « L’évolution démographique est dramatique pour des pays comme la Belgique. Et elle ne fait que s’accélérer. Regardons les Channel Awards. On y voit des grosses voitures et des hommes plus âgés. L’apport de jeunes n’est pas satisfaisant. Il faudra donc automatiser.
L’argent comme moteur
Contrairement à Crossbridge, qui se concentrait principalement sur les jeunes, Raf Cuyvers, avec myCareerCompanion, cible tous les employés en matière d’orientation professionnelle. Le mentorat inversé, dans le cadre duquel les jeunes peuvent également coacher des personnes plus âgées, en est un aspect. « Les jeunes d’aujourd’hui s’expriment beaucoup plus clairement que lorsque nous avions leur âge. C’est donc mieux ensemble. La génération Z considère également le channel de manière très différente. Il faut absolument en tenir compte. Ils sont motivés par l’argent, ce qui est tout à fait compréhensible. Ils se rendent compte que leur situation sera pire que celle de leurs parents. Le coût de la vie est beaucoup plus élevé, combien payez-vous pour louer ou acheter une propriété aujourd’hui ? Nombreux sont ceux qui vont prendre un deuxième ou un troisième emploi flexible. Ils sont plus impatients parce qu’ils veulent l’instantanéité. Il faut absolument en tenir compte dans notre façon de travailler… »