Microsoft a officiellement lancé cette semaine Azure Belgium Central, la toute première région cloud belge du géant technologique. Avec trois nouveaux centres de données dans la région bruxelloise, Microsoft souhaite offrir aux entreprises, aux pouvoirs publics et aux secteurs réglementés belges la possibilité de stocker et de traiter leurs données localement.
L’inauguration a eu lieu aujourd’hui à Bruxelles en présence d’un millier de partenaires.
Ce qui est présenté comme un « jalon numérique » pour la Belgique soulève également d’importantes questions concernant la souveraineté des données, la consommation d’énergie et la dépendance technologique.
En bref ;
- Microsoft ouvre à Bruxelles sa première région cloud belge avec trois centres de données.
- Cette région devrait accélérer le stockage local des données et le traitement par l’IA et pourrait générer, selon IDC, un impact économique pouvant atteindre 59 milliards d’euros.
- Des questions subsistent quant à la souveraineté des données et à la consommation d’énergie, malgré les garanties données par Microsoft.
- Avec plus d’un milliard d’euros d’investissement, la Belgique devient un hub cloud européen stratégique, mais la dépendance vis-à-vis des fournisseurs de cloud non européens reste importante.
Une région cloud stratégique pour la Belgique
Azure Belgium Central se compose de trois centres de données indépendants situés autour de Bruxelles et devrait à terme devenir l’un des principaux hubs cloud européens de Microsoft. Dans le même temps, la nouvelle région répond à la demande de stockage local de données de secteurs tels que la finance, la santé et les pouvoirs publics.
Selon Microsoft, la région cloud belge pourrait avoir un impact économique considérable. Une étude de l’IDC évoque :
- 59 milliards d’euros de revenus supplémentaires potentiels dans l’écosystème belge sur quatre ans
- 85 000 emplois indirects, dont 20 000 dans le secteur informatique
Ces chiffres sont ambitieux, et les analystes soulignent que l’impact réel dépendra entièrement de la rapidité avec laquelle les organisations belges adopteront la nouvelle infrastructure.
Souveraineté des données : stockage local ≠ garantie totale
Bien que l’hébergement local soit une exigence cruciale pour de nombreuses organisations, des inquiétudes subsistent concernant la législation extraterritoriale, en particulier le Cloud Act américain.
Marijke Schroos, directrice générale de Microsoft Belgique, souligne les mesures de précaution :
« Pour toute demande d’accès légale émanant d’un pays hors de l’UE, nous saisissons systématiquement la justice pour la contester. »
Microsoft souligne également que les clients et partenaires belges — tels que Proximus — peuvent gérer leurs propres clés de cryptage. Cela signifie que Microsoft fournit l’infrastructure, mais n’a pas accès aux données déchiffrables.
Toutefois, la garantie absolue reste limitée : la réglementation européenne et la résistance des fournisseurs à l’égard des obligations étrangères restent des facteurs cruciaux.
Consommation d’énergie : efficacité, mais peu de chiffres concrets
Cette ouverture intervient à un moment où les préoccupations concernant la consommation d’énergie des centres de données sont de plus en plus vives. Microsoft promet que la région cloud belge fonctionnera à 100 % avec de l’énergie décarbonée et que les installations seront jusqu’à 98 % plus efficaces que les installations belges classiques.
Une innovation remarquable est un système de refroidissement sans eau.
Toutefois, il manque des chiffres concrets sur la consommation totale d’énergie, un point sensible dans un pays où le réseau électrique est soumis à une pression croissante.
L’IA comme moteur : la croissance de la puissance de calcul
Le timing de la nouvelle région cloud n’est pas un hasard. La demande en puissance de calcul pour les charges de travail IA explose. Microsoft affirme pouvoir absorber cette croissance grâce à ses plus de 200 centres de données en Europe, qui peuvent répartir la charge.
Les entreprises belges auront ainsi accès à la même infrastructure d’IA que celle utilisée pour les services Copilot de Microsoft et les charges de travail avancées en matière d’apprentissage automatique.
Un investissement d’un milliard… et une dépendance
Selon certaines sources, Microsoft investirait plus d’un milliard d’euros en Belgique, dans le cadre d’une vague d’investissements européens de 20 milliards d’euros répartis sur 20 mois.
Pour la Belgique, l’arrivée de la région cloud est un atout concurrentiel important, surtout par rapport à des pays voisins comme les Pays-Bas, où les restrictions énergétiques freinent la création de nouveaux centres de données.
Mais cela souligne également une dure réalité :
le marché européen du cloud repose encore fortement sur des acteurs non européens.
Conclusion : un accélérateur pour l’économie numérique, mais avec quelques réserves
L’ouverture d’Azure Belgium Central est une étape importante pour l’économie numérique belge. Elle crée des opportunités pour l’ensemble du canal, des intégrateurs et partenaires cloud aux spécialistes de la sécurité et fournisseurs de logiciels.
Mais dans le même temps, le débat sur la souveraineté des données, l’impact énergétique et la dépendance vis-à-vis des hyperscalers américains reste d’actualité.
